Réflexions sur l’interdiction d’employer les DRH étranger
Le Ministre de l’emploi et de la formation professionnelle (MINEFOP), Monsieur Issa Bakary CHIROMA, a pris une décision qu’il a annoncée à l’occasion de la 3ème édition des Journées Nationales des Ressources Humaines tenue du mercredi 18 octobre au vendredi 20 octobre 2023, à l’hôtel SAWA à Douala ‘est à propos qu’on a parlé de Réflexions sur l’interdiction d’employer les DRH étranger.
Il semble évident qu’une telle décision devrait être applaudie par la plupart des Camerounais. Elle pourrait bien avoir des retombées positives sur l’emploi des cadres dans le domaine des Ressources Humaines.
Cependant, des questions subsistent dont les réponses permettraient au Camerounais lambda d’apprécier ces retombées de la décision ministérielle à sa juste valeur.
Réflexions sur l’interdiction d’employer les DRH étranger: L’une est de savoir combien de postes sont concernés par la mesure.
Ou, autrement, combien d’entreprises au Cameroun utilisent des personnes de nationalité étrangère, au poste de Directeur des Ressources humaines. Le Ministère qui donne des visas à ces travailleurs est sûrement bien indiqué pour répondre à cette préoccupation. Il est évident que le Ministre n’a pas pris une telle mesure pour donner un coup d’épée dans l’eau.
Si par contre la mesure devrait toucher un grand nombre de postes, un autre problème que soulèvent déjà certains analystes serait celui de savoir si le pays peut subvenir à un tel besoin. Il s’agit de connaître si nos universités et centres universitaires pourraient fournir dans les trois(3) mois de grâce accordés par Monsieur le Ministre, suffisamment de compétences pour faire face aux besoins en Directeurs des Ressources humaines. Peuvent-ils, compte tenu des disponibilités actuelles, fournir au marché du travail des professionnels de ressources humaines efficients de ce niveau ?
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Les questions ne finissent pas, l’une d’elles, aussi brûlante, porterait sur la compétence opérationnelle des éléments que l’on trouverait sur le marché. La professionnalisation de l’enseignement chantée au Cameroun depuis des dizaines d’années met-elle sur ce marché, en fin de parcours, des étudiants capables de jouer le rôle de Directeurs des Ressources humaines ?
Réflexions sur l’interdiction d’employer les DRH étranger: Si nous considérons les principales fonctions d’un DRH, à savoir :
- Concevoir, faire valider et suivre l’application des stratégies RH de l’entreprise ;
- Concevoir les fiches de postes ;
- Recruter efficacement sur le plan scientifique et administratif ;
- Appliquer avec justice et équité le droit du travail et celui de la sécurité sociale pour éviter les risques financiers RH ;
- Conduire au quotidien l’administration des RH ;
- Gérer ces RH en cas de nécessité ;
- Gérer les relations avec les partenaires du contrat de travail ;
- Gérer efficacement la fin des contrats de travail ;
- Défendre ou donner les moyens de défendre les actions et omissions de l’employeur vis-à-vis d’un salarié au Juge….
Réflexions sur l’interdiction d’employer les DRH étranger: On constate que les principales responsabilités dans ce tableau non exhaustif résident dans la maîtrise du droit du travail et de la sécurité sociale.
Ce sont les deux(2) domaines qui engendrent régulièrement les contentieux et exposent les actes ou les omissions du DRH aux risques financiers accrus de l’entreprise dans un avenir plus ou moins lointain.
Le programme de formation des professionnels des ressources humaines en Master réserve à leurs cours cumulés une durée entre 24 heures et 36 heures au meilleur des options, à peine le temps de survoler quelques notions sans rien approfondir, ni faire suffisamment les études des cas. Il est vrai que certains étudiants, pendant leur parcours, ont eu quelques leçons en droit du travail, mais ce n’est pas un acquis pour continuer en administration des ressources humaines au niveau de l’encadrement.
Pour mettre sur le marché des finissants à qui il faut entre 4 et 6 mois en cabinet ou 12 mois en entreprise pour être performants, il faudrait plus de 120 heures de cours en droit du travail et 80 heures au moins, en droit de la sécurité sociale.
Dans ce cas, le MINEFOP et le MINTSS pouvaient susciter la création des institutions publiques ou privées spécialisées en formation des professionnels des RH, même s’ils doivent être de niveaux différents, étant donné que le droit du travail n’admet pas l’analogie. Ici par exemple, comme je l’ai écrit dans l’un de mes ouvrages, nul n’est sensé connaître la loi, ce qui n’est pas la même chose dans d’autres domaines.
Le besoin est réel sur ce marché où l’on trouve en majorité les responsables formés sur le tas et qui traînent des tares très préjudiciables à l’entreprise. On distinguerait bien, dans le circuit de formation, les gestionnaires de ressources humaines (disciplines scientifiques sans risques financiers majeurs) des administrateurs des RH qui suivraient une formation juridique dont l’ignorance coûte des fortes condamnations financières (et même pénales) aux sociétés de nos jours. (Heureusement que le droit pénal du travail est totalement absent dans nos palais de justice)
Les filières seraient conçues en tenant compte de notre environnement juridico-social.
Sinon, la décision de Monsieur le Ministre, bien préparée, pourrait changer bien de choses non seulement en quantité d’emplois, mais également en qualité d’employés.
Le dernier problème, plutôt politique celui-là, nous renvoie à la notion de la nationalité camerounaise s’agissant de l’emploi. Depuis quelques décennies, les autorités sous régionales nous parlent de l’intégration dans le monde du travail. Est-ce que les voisins sont toujours considérés comme des étrangers ?
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